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La boîte de Pandore
14 août 2010

ATELIER D'ECRITURE

Chronologiquement parlant, avant la naissance, il y a la rencontre et celle-ci est ensuite mise à rude épreuve, avant la concrétisation :

SUICIDE A LA SICILIENNE

- Madame CAHUSSAC Geneviève ?

Temps. Quelqu'un se lève.

- C'est vous ? demande l'infirmière. Ah oui ! je vous reconnais. Bien ! Voici le résultat de votre analyse (Elle lui sourit). Il est positif... Alors à bientôt ?

Geneviève reste sans voix. En sortant de la clinique, elle passe instinctivement le plat de la main sur son ventre.

Geneviève : "Un tout petit.....!

Temps. Puis elle s'engouffre dans une cabine téléphonique et compose un numéro. On n'entend pas ce qu'elle dit. Elle semble agités, raccroche, et sort s'asseoir sur un banc un peu plus loin. Quelques minutes plus tard, un homme la rejoint et reste immobile devant elle. Ils s'observent.

L'homme : "Je suis heureux pour toi"

Geneviève : "Mais tu ne partages pas ma joie, n'est-ce pas ?"

Il semble gêné.

L'homme  : "C'est-à-dire, que... (Temps. Il regarde ailleurs). Je ne suis pas sûr de vouloir m'engager dans cette affaire !"

Geneviève sanglotante : "Mais tu l'es par la volonté de Dieu !"

L'homme, agacé : "Qu'est-ce que Dieu vient faire la-dedans. Et puis je suis athée ?"

Geneviève : "Je veux dire, c'est une part de toi qui va pousser dans mon ventre !"

L'homme regarde sa montre : "Excuse-moi. J'ai un colloque avec des japonais"

Geneviève : "Bien-sûr, c'est plus important que...."

L'homme la coupe : "C'est différent ! Ca se chiffre en millions de dollars, comprends-tu ?"

Geneviève : "Non. Je n'ai jamais rien compris aux chiffres, pas plus que je ne comprends ton attitude"

L'homme : "Ecoute ! Notre histoire est un mauvais scénario (Son regard s'égare dans le vide). J'ai raté mon entrée et j'appréhende déjà ma sortie..."

Geneviève : "Qu'est-ce que tu sous-entends ?"

L'homme la coupe : "Hein ? Désolé, faut vraiment que j'y aille. (En s'éloignant) Je passe te prendre à 19h00"

Il s'en va.

Geneviève est abasourdie par ce qu'elle vient d'entendre. Elle se lève et déambule dans les rues, sans but précis. Puis sa silhouette disparaît à l'intérieur d'une boutique.

Une vieille vendeuse l'accueille : "Bonjour Mademoiselle ! Puis-je vous aider ?"

Geneviève : "Oui, je le pense. Euh.... voilà ! Je me marie dans une semaine et je ne trouve rien qui m'emballe vraiment"

La vendeuse : "Toutes mes félicitations Mademoiselle. Attendez..... Je viens de recevoir un modèle tout à fait charmant. Organdi et broderie anglaise"

Geneviève retrouve une expression humaine. Pourtant ses yeux brillent. Quelques larmes coulent sur ses joues. Elle porte la main à son ventre.

Geneviève : "C'est que..."

La vendeuse : "Une joie supplémentaire, n'est-ce pas ? C'est pour quand ?"

Geneviève s'assombrit : "Je viens juste de l'apprendre....."

Elle se saisit de la robe, part l'essayer en cabine et ressort.

Geneviève : "On dirait qu'elle a été faite pour moi. Je la prends"

La vendeuse : "Je vous souhaite beaucoup de bonheur Mademoiselle !"

Et elle sort.

Noir.

Quelques heures plus tard dans son appartement. On sonne. Elle ouvre.

L'homme sur le pallier : "Es-tu prête ? (Ses yeux plongent littéralement vers le sol) Mais que fais-tu avec cette valise ?"

Geneviève : "Surprise !"

L'home : "Moi aussi j'ai une surprise"

La porte claque. Ils partent à pied et se dirigent vers le petit restaurant situé en amont des falaises.

L'homme : "J'ai réservé une très bonne table"

Geneviève : "Cet endroit est superbe mais il me rend triste"

L'homme : "Au contraire, cet endroit est magique. Ce n'est pas le paysage qui est triste, c'est toi !" (Temps)
                 A propos, tu sais, j'ai beaucoup réfléchi....."

Geneviève ironique : "Avec les japonais ou les japonaises ?"

Pas de réponse. A peine étaient-ils entrés dans le restaurant que l'homme reconnut quelqu'un qui le hélait de la main.

Geneviève : "Oh ! non. Encore eux !"

Le maître d'hôtel la guide jusqu'à la table. Elle pose sa valise et s'asseoit, désabusée.

L'homme revient : "Quelle coïncidence , non ?"

Geneviève fait semblant de détailler le menu. Elle appelle le maître d'hôtel et chuchote à son oreille.

S'adressant à l'homme : "Tu peux me dire pourquoi cette poupée pérruquée et farinée te fait autant de courbettes ?"

L'homme : "Arrête ! Tu exagères toujours. C'est une coutume chez eux. Ils nous souhaitent la bienvenue"

Geneviève : "Moi aussi je te souhaite la bienvenue. Et pour fêter ça, regarde !"

Elle saisit la valise, se lève, la pose sur la chaise et fait claquer les fermoirs. La robe immaculée se déroule sur son corps de sirène.

L'homme interloqué : "Geneviève ! Tu es saoûle ? Ou alors tu as perdu le sens commun ?"

Geneviève : "Quoi ? elle ne te plaît pas ? Tu veux que j'aille l'essayer ?"

L'homme : "Surtout pas. Je t'en supplie, assieds-toi. Tout le monde nous regarde"

Geneviève éclate de rire : "On dirait que le petit nénuphar au sourire de riz n'a pas tenu le choc. Un petit verre de gniole, et, hop ! Elle est bonne pour le tatami !"

L'homme met un laps de temps avant de comprendre. Sa tête pivote de la table des japonais à Geneviève. Il est furieux.
"Tu n'as pas fais ça ? Mais tu es folle ! Tu veux la tuer ? C'est un alcool qui fait 70 °. Tu réalises ton geste ?"

Geneviève, imperturbable, range avec soin son habit de noces.

A l'homme : "Allez ! tu en meurs d'envie. Va lui faire du bouche à bouche !"

L'homme en se levant : "Décidément, tu fais dans la dentelle ce soir !"

Geneviève en aparté : "Attends ! Le meilleur reste à venir"

Quelques minutes s'écoulent où Geneviève semble ailleurs, le regard rivé vers la fenêtre. L'homme revient et s'excuse auprès d'elle.

L'homme : "Tu dois être fatiguée, tu as eu beaucoup d'émotions aujourd'hui, et jeuuuuu.... veux-tu que je te raccompagne ?"

Geneviève : "Tu plaisantes, je viens juste de commander des crêpes flambées au grand-marnier. Je les adore et toi les aimes?"

L'homme :"Oui, oh, pfff ! si ça peut te faire plaisir !"

Geneviève : "Et moi, tu m'aimes ?"

L'homme : "Tiens, les voici justement. Prête pour le cérémonial ?"

Au même instant, la petite dame du soleil levant s'est déplacée à petits pas serrés jusqu'à leur table, tenant au coeur de ses deux mains jointes une bouteill de Saké. Après quelques sempiternelles courbettes, elle se tourne vers Geneviève.

La japonaise : "Vous accepter cadeau ?"

Pendant qu'elle se penche pour déposer la bouteille sur la table, Geneviève rapproche discrètement  la desserte où les crêpes flamboient. La petite dame fait une dernière courbette tout en reculant. Immédiatement une odeur d'étoffe brûlée la poursuit tandis qu'elle retourne à sa table.

Geneviève se tape sur les cuisses : "Tu vois, je te l'avais dit qu'elle avait le feu au cul !"

L'homme indigné jette violemment sa serviette sur la table, se lève et prend la carafe d'eau dont il asperge précipitamment le kimono de la petite dame. Il est horriblement gêné. pendant qu'une nuée d'âmes charitables s'évertue à comprendre l'origine de ce ridicule petit foyer, Geneviève a griffonné quelques mots sur un bout de nappe. Quand l'homme regagne sa place, Geneviève a disparu avec la valise. Il sort, tourmenté, les yeux tournés vers les falaises. Son pas s'accélère quand il aperçoit une silhouette au bord du précipice.

L'homme crie : "Geneviève ! Nonnnnnnn !

Le voile de tulle blanc tourbillonne dans la nuit. Puis on entend un choc sourd sur les rochers. L'homme est pâle, il tient sa tête entre ses mains.

L'homme : "Geneviève, mon ange ! Ce n'est pas possbible ?"

L'air frais lui cingle les joues et plaque ses vêtements sur son corps. Les mains dans les poches, il avance tel un robot. Les pieds posés à l'extrême bord, il se penche et aperçoit en bas des falaises une masse blanche gisante. Tandis qu'il recule, effaré, une main lui masque les yeux, l'autre lui enserre la taille. Il sursaute, ses yeux sont embués de larmes. Grand moment de trouble. Heureusement qu'il est sur la terre ferme !

Une voix suave lui chuchote à l'oreille : "Ma question est demeurée sans réponse tout à l'heure. Dis-moi sincèrement, est-ce que tu m'aimes ?"

L'homme respire fort. Il saisit les deux mains accrochées à sa taille et se retourne.

L'homme : "Geneviève ! ...."

Il la serre fort dans ses bras à lui briser les os. Puis il la repousse avec la même violence. Temps.

L'homme : "Tu m'as enrôlé dans ton scénario, n'est-ce pas ?"

La silhouette de geneviève se découpe dans le clair de lune. Elle esquisse un demi-sourire et le considère.

Geneviève : "En Sicile, les femmes mettent les hommes à l'épreuve avant de se faire épouser...."

Instantanément, l'homme s'asseoit à même le sol et respire à pleins poumons. Sa tête tombe en arrière. Temps.

L'homme : "Je m'évanouis d'abord et, après je t'épouse !"

Fin.


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